Comment épargner facilement sans y penser

Épargner pour les vieux jours ou pour les coups durs, ce n’est pas une mince affaire. J’ai eu l’idée d’écrire cet article après qu’une bonne amie soit passée dormir à la maison. Elle s’est trouvée un nouvel emploi qu’elle occupe depuis 6 mois, après être restée plus ou moins volontairement au chômage pendant 9 mois. Quand je dis « plus ou moins volontairement »… En fait cette amie est probablement comme la plupart d’entre nous: si elle en avait la possibilité elle ne travaillerait plus, mais elle y est contrainte car elle n’a pas atteint l’indépendance financière. À son âge (elle a passé le cap des 60 ans), et étant donné son salaire, elle va probablement simplement attendre de se rendre à la retraite. Disons qu’elle a pu profiter d’un répit dans sa vie active due à sa mise à pied, qui est d’après moi plus une bénédiction qu’autre chose. Elle gagnait plus avant mais était définitivement malheureuse dans son environnement de travail, elle avait la malchance d’avoir une gestionnaire non respectueuse et de surcroit méchante. À sa place, j’aurais démissionné depuis longtemps, je n’aurais pas attendu que l’on me mette à la porte mais nous sommes radicalement différentes.

Le problème de mon amie

Le problème qu’elle rencontre aujourd’hui est qu’elle gagne beaucoup moins, environ 10,000 $ de moins, que dans son emploi précédent; c’est une baisse de salaire assez majeure ! Bien sûr cela a logiquement impacté drastiquement son pouvoir d’achat. Comme elle est naturellement frugale cela n’a pas eu d’impacts trop importants sur son train de vie, même si évidemment ce n’est pas gai tous les jours. Un impact direct qu’elle ressent par contre est qu’elle n’est pas en mesure de mettre de l’argent de côté comme elle le faisait avant. En fait elle a carrément de la misère à épargner.

Les bases des finances personnelles, et la réalité au Québec

Quand on parle de finances personnelles, la plupart des gens connaissent les principes de base de ce qu’on doit faire pour maintenir une gestion saine de ses finances. En quelques mots :

  • Dépenser moins que ce qu’on gagne,
  • Ne pas contracter de dettes à la consommation (surtout celles liées aux cartes de crédit),
  • Épargner un pourcentage décent de son revenu pour les urgences et la planification à long terme.

Cependant nous sommes humains. Ce n’est pas parce que nous savons quoi faire que cela rend la tâche plus facile.

En fait, si on regarde le Québec en particulier, le taux d’épargne des ménages est très faible et n’a fait pratiquement que baisser depuis les années 1990. La moyenne est tombée en dessous de 5% par année alors que la recommandation serait de mettre de côté au moins 10% de son revenu, ou encore mieux 18% si on peut vraiment (c’est-à-dire l’équivalent de la proportion du revenu gagné que l’on peut placer dans un REER). Le ménage Québécois n’épargne pas assez, c’est un fait…

Mais Pourquoi on n’épargne pas?

Si nous savons que nous devons épargner pour nos vieux jours, pourquoi est-il alors si difficile de le faire? L’une des raisons les plus évidentes est le fait que nous vivons dans une société axée sur le court terme et que la plupart d’entre nous ne planifions pas ou peu pour l’avenir. Il est commun de penser que retarder le plaisir jusqu’à ce que l’on puisse *vraiment* se l’offrir n’a rien d’intéressant quand on peut obtenir ce qu’on veut maintenant. Vive l’accès facile au crédit! Et puis nous sommes sans cesse bombardés par les publicités qui nous incitent toujours à en vouloir plus, ça ne fait rien pour aider.

Je ne peux pas dire que mon amie se laisse influencer ou tenter facilement, encore qu’elle aimerait beaucoup, comme chacun dentre nous, pouvoir se payer ce qu’elle aime quand elle le voudrait ; son défi principal réside surtout sur le fait qu’elle doive reprendre le collier et se remettre à épargner, mais avec une échelle de moyens beaucoup plus réduite qu’avant. C’est difficile de s’y remettre, surtout que lorsqu’elle était au chômage elle n’avait vraiment rien à mettre de côté. Et puis il y a aussi un côté psychologique à la chose, que l’on ne peut pas négliger.

La peur de perdre

Une partie de notre nature humaine crie à l’horreur juste à l’idée de penser que l’on peut perdre de l’argent, même si c’est complètement irrationnel. Une étude très intéressante de Daniel Kahneman et Amos Tversky a montré qu’en raison d’une réaction appelée « la peur de perdre » (en anglais « loss aversion »), perdre nous rend deux fois plus misérable que gagner. C’est donc tout à fait naturel de trouver difficile de voir son montant de dépenses discrétionnaire baisser à cause de la nécessité d’épargner. Pas cool, mais c’est ainsi que nous sommes faits!

Pour s’amuser un peu, faites le test proposé par ce site qui explique la théorie de Daniel Kahneman et Amos Tversky, ça vaut le détour et ça peut vous permettre d’en apprendre plus sur vous.

L’idéal pour mon amie, ou par extension pour chacun d’entre nous, serait de pouvoir, du jour au lendemain, mettre 500 $ de côté par mois (vous pouvez remplacer ce montant par celui qui correspond le plus à votre objectif), mais la triste réalité est que c’est difficile (lire : impossible) à faire si on gagne peu ou si on n’épargne rien du tout.

La solution: Se piéger à épargner!

Vous l’avez compris, tout est une question de psychologie. La phrase « Connais-toi toi-même » que l’on attribue à Socrate car c’est lui qui, le premier, a vraiment développé le sujet, est clé dans le processus. Je ne suis pas philosophe ni psychologue, on va garder ça bref, mais il y a tout de même une façon de faire pour remédier à ce problème d’épargne: le plus simple est de se « piéger » progressivement, consciemment, à épargner. On commence petit et on augmente le montant à mettre de côté tout doucement.

Exemple

Disons que l’on commence par mettre de côté 50 $ à 100 $ par mois. Cela reviendrait à un montant de 10 $ à 20 $ par semaine environ. Si vous ne l’avez pas encore fait, et à ma grande surprise mon amie n’a toujours pas de compte d’épargne à haut rendement, ouvrez un compte en banque chez Tangerine. Si vous utilisez ma clé Orange, 13881111S1 pour ouvrir ce compte nous gagnerons tous les deux 50 $ dès que vous déposerez la somme de 250 $ dans votre nouveau compte et ce dans les 60 jours. Vous allez ainsi lier votre compte en banque courant avec celui de Tangerine. Si vous n’utilisez pas ma clé Orange, Tangerine déposera tout de même 25 $ sur votre compte, mais c’est 25 $ de moins que vous pourriez obtenir et pour ma part je n’obtiendrai rien.

L’autre façon de faire, si vous êtes salarié, est d’ouvrir directement un compte courant avec Tangerine et on arrivera au même résultat. Sauf que personnellement je préfère accéder à mon compte Tangerine par le biais de ma banque parce que ça rend l’accès à mon compte d’épargne moins accessible. C’est plus compliqué d’aller y piocher des fonds… Et on y réfléchit plusieurs fois avant de le faire! C’est le principe de mettre en place un système qui fonctionne pour ensuite l’oublier… parce qu’il fonctionne justement! 😉

Une fois cette étape complétée, mettez en place un programme d’épargne automatique. Toutes les semaines (c’est le plus efficace), transférez 10 $, 12 $, 15 $ ou 20 $ de votre compte courant à votre compte d’épargne. Vous n’aurez plus ce montant dans votre compte en banque, vous serez donc incapable de le dépenser et vous devrez faire sans. La nature humaine est ainsi faite, psychologiquement ça fonctionne pour la majorité des gens avec un minimum de discipline au départ. Loin des yeux, loin du cœur (ou dans ce cas, loin des mains ou du portefeuille!) Dites-vous simplement que c’est le montant d’un lunch que vous vous versez, de vous à vous, parce que vous le valez bien.

Pour rester dans le concret

Petit calcul rapide : 10 $ épargnés par semaine (par exemple, comme dans mon cas, le vendredi) pendant 3 mois, disons de septembre à novembre 2019 si vous voulez vous mettre un objectif concret devant les yeux, ce que je vous recommande chaleureusement de faire, cela fait 4 vendredis en septembre, 4 en octobre et 5 en novembre, soit 13 vendredis (je ne l’ai pas fait exprès mais c’est drôle), donc 130 $. Tangerine verse de l’intérêt chaque mois, en ce moment de 1.15% (hé oui les taux d’intérêt restent bas et il semble même qu’ils vont continuer de baisser… contrairement à ce que l’on aurait pu penser il y a environ un an), mais ce taux est de 2.75% pendant les 6 premiers mois si vous êtes nouveau chez Tangerine, et ce jusqu’au 31 octobre 2019. L’intérêt est calculé chaque jour, et Tangerine ne charge aucun frais. Vous aurez au bout de 3 mois un peu plus de 130 $ dans votre compte d’épargne. Ce n’est pas le montant de l’intérêt qui importe, c’est le fait que vous ayez réussi à mettre de côté un peu plus de 130 $ sans y penser. Cela devrait vous inciter à épargner plus, surtout si ça ne fait pas mal. Une fois dans cette routine pendant quelques mois, vous aurez une idée de la zone de confort dans laquelle vous vous trouvez; quand vous vous sentez à l’aise avec cette idée, augmentez le montant épargné en conséquence, de 5 $ ou 10 $, ou du montant qui vous convient le mieux (comme l’équivalent d’un autre lunch par exemple). Surtout, il faut faire attention de ne pas tomber dans le rouge sur votre compte courant suite à l’augmentation de vos transferts!

Facile! Il faut que ce soit facile. Simple et sans douleur. Et ça marche! Cela fait des années que j’utilise cette méthode, c’est superbe.

Une autre façon de vous piéger consciemment, et vous pouvez/devriez même combiner les deux méthodes, est d’épargner toute source imprévue d’argent qui pourrait croiser votre chemin de vie, comme par exemple une augmentation de salaire annuelle. Je sais, on ne devrait pas vraiment parler d’augmentation de salaire dans la majorité des cas; il s’agirait plutôt d’un ajustement au coût de la vie (l’inflation) puisque le salarié moyen peut espérer de 1.5% à 2% « d’augmentation » par année… mais vous saisissez le principe, c’est toujours ça de pris. Vous pouvez prétendre que vous n’avez pas eu d’augmentation du tout (ça arrive aussi, malheureusement) et transférer immédiatement et automatiquement la différence de revenu sur votre compte d’épargne. Ni vu ni connu!

Et si vous êtes endetté?

Le même principe peut être utilisé si vous êtes endettés et payez vos dettes de carte de crédit. Vous devriez décider de rembourser la carte qui a le taux d’intérêt le plus élevé. Une fois cette dette éliminée, vous gardez le même montant que vous aviez l’habitude de payer et vous l’appliquez sur la prochaine dette. Une fois toute les dettes payées (ça prendra le temps que ça prendra, il faut y aller une étape à la fois) vous appliquez le montant que vous aviez l’habitude de payer aux créanciers directement sur votre compte d’épargne. Vous aviez pris l’habitude de ne pas voir cet argent, vous pouvez continuer! Cet argent, contrairement au remboursement de dettes, reste le vôtre, et il travaille pour vous autrement 😉

Je n’ai rien inventé, je ne fais que partager avec vous des méthodes prouvées qui fonctionnent, et j’espère franchement que cela peut vous donner un bon coup de main sur le long, long terme! Le résultat final, ce qui compte vraiment est que vous soyez en mesure d’atteindre vos objectifs à long terme. Si vous avez besoin d’un petit tour de passe-passe pour y arriver pourquoi pas?

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